« La Légende du tilleul fidèle » : différence entre les versions

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== TEMPS ET LIEU ==
== TEMPS ET LIEU ==
Dans une forêt sombre.
Dans une forêt sombre.
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== SYNOPSIS ==
== SYNOPSIS ==
''Un couple âgé vit dans une cabane en surplomb d'une vallée où un village cossu est niché. Décharnés, courbés et tremblants, l'homme et la femme accomplissent les gestes du quotidien à répétition, pris dans l'engrenage de leurs mémoires défaillantes. Comme des automates dont on aurait bloqué le mécanisme, ils enchaînent les mêmes gestes, reprenant du début leur routine. Lorsque le vieil homme aperçoit des étrangers montant la colline, il est pris d'angoisse, doute de savoir encore les bons gestes, les égards envers la visite rare.''
''Un couple âgé vit dans une cabane en surplomb d'une vallée où un village cossu est niché. Décharnés, courbés et tremblants, l'homme et la femme accomplissent les gestes du quotidien à répétition, pris dans l'engrenage de leurs mémoires défaillantes. Comme des automates dont on aurait bloqué le mécanisme, ils enchaînent les mêmes gestes, reprenant du début leur routine. Lorsque le vieil homme aperçoit des étrangers montant la colline, il est pris d'angoisse, doute de savoir encore les bons gestes, les égards envers de la visite si rare.''


== TEXTE ==
== TEXTE ==
'''EXTRAIT #1 - Protocole de bienvenue'''
'''EXTRAIT #1 - Protocole de bienvenue'''


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BAUCIS, appelant
BAUCIS, appelant


Viens ici, mon Philémon! (Entrée de Philémon, à droite). Regarde dans la jarre à olives.
Viens ici, mon Philémon! (''Entrée de Philémon, à droite''). Regarde dans la jarre à olives.




PHILÉMON, piquant du nez dans la jarre
PHILÉMON, ''piquant du nez dans la jarre''


Malheur, ma chère femme! Je n'en vois plus que vingt.
Malheur, ma chère femme! Je n'en vois plus que vingt.




BAUCIS, rangeant la cruche sur la tablette et ouvrant le couvercle de la farine.
BAUCIS, ''rangeant la cruche sur la tablette et ouvrant le couvercle de la farine''.


Et dans le coffret de farine, / Reste de quoi faire tout au plus un repas. / (fermant le couvercle; tristement.) / Et tout le vin qui a tourné! / Ne reste plus qu'un cruchon de ce millésime / approche la tablette aux jarres, à l'arrière centre, et pointant l'une d'elles. / Que je voulais garder en réserve / Avec un peu de chance, / pour un jour.. après… tout le reste. / venant à l'avant-scène, suivie de Philémon / Comment espérer nous refaire / quand l'hiver recouvre déjà notre toit / D'un manteau de neige, / Et que le vent froid souffle / Refroidit nos vieux os, / Que notre grenier est vide, / Que la famine seule s'annonce en visite / Bien avant que l'été généreux / Ne ramène fruits doux et vin / Et semences ensoleillées? /
Et dans le coffret de farine, / Reste de quoi faire tout au plus un repas. / (''fermant le couvercle; tristement'') / Et tout le vin qui a tourné! / Ne reste plus qu'un cruchon de ce millésime / (''s'approche la tablette aux jarres, à l'arrière centre, et pointant l'une d'elles'') / Que je voulais garder en réserve / Avec un peu de chance, / pour un jour.. après… tout le reste. / (''venant à l'avant-scène, suivie de Philémon'') / Comment espérer nous refaire / quand l'hiver recouvre déjà notre toit / D'un manteau de neige / Et que le vent froid souffle / Refroidit nos vieux os, / Que notre grenier est vide, / Que la famine seule s'annonce en visite / Bien avant que l'été généreux / Ne ramène fruits doux et vin / Et semences ensoleillées? /




PHILÉMON, s'assoyant au tabouret près de la table).
PHILÉMON, ''s'assoyant au tabouret près de la table'',


Oh, malheur, ma Baucis! / En cinquante ans de vie commune / Malgré notre grande pauvreté / Jamais nous n'avons ressenti le pincement de la faim. / (secouant la tête tristement) / Jamais, depuis que j'ai mené à ma porte / Cette jeune mariée de vingt printemps, / Nous n'avons été dans un tel besoin. / Pauvre de moi! Nous voilà bien vieux. / Mais bien qu'avancés en âge, / Par amour, s'il le faut, / Auprès de nos voisins prospères, / J'irai quêter le pain.
Oh, malheur, ma Baucis! / En soixante-dix ans de vie commune / Malgré notre grande pauvreté / Jamais nous n'avons ressenti le pincement de la faim. / (''secouant la tête tristement'') / Jamais, depuis que j'ai mené à ma porte / Cette jeune mariée de vingt printemps, / Nous n'avons été dans un tel besoin. / Pauvre de moi! Nous voilà bien vieux. / Mais bien qu'avancés en âge, / Par amour, s'il le faut, / Auprès de nos voisins prospères, / J'irai quêter le pain.




BAUCIS, catégoriquement
BAUCIS, ''catégoriquement''


Jamais, Philémon! Plutôt mourir / Que de mendier auprès de voisins si peu accueillants! / Cléon, dont quatre-vingts moutons vont en pâturage, / Elle va à la porte, tandis qu'elle parle, indique de la main le village au loin. / Résiste tant à l'idée de garder son vieux grand-père, / Qu'il l'envoie quêter sa croûte de pain et son bol de bouillon; / (se tournant) / Et Lysias qui aime tant caresser son or, / Il ne donnera pas à sa mère, vieille et courbée, / Assez pour acheter la laine, / Ou les brins les plus épais pour se fabriquer une mante. / Et Philo, dans sa grange, qui récolte le maïs comme pas un, / Si un mendiant passe et quémande un croûton, / Ne donnera pas une miette. (approchant de Philémon en parlant.) / Nenni, mon Philémon, jamais je ne ramperai de la sorte! / Plutôt laisser la faim me creuser une tombe. /
Jamais, Philémon! Plutôt mourir / Que de mendier auprès de voisins si peu accueillants! / Cléon, dont quatre-vingts moutons vont en pâturage, / (''Elle va à la porte, tandis qu'elle parle, indique de la main le village au loin'') / Résiste tant à l'idée de garder son vieux grand-père, / Qu'il l'envoie quêter sa croûte de pain et son bol de bouillon; / (''se tournant'') / Et Lysias qui aime tant caresser son or, / Il ne donnera pas à sa mère, vieille et courbée, / Assez pour acheter la laine, / Ou les brins les plus épais pour se fabriquer une mante. / Et Philo, dans sa grange, qui récolte le maïs comme pas un, / Si un mendiant passe et quémande un croûton, / Ne donnera pas une miette. (''approchant de Philémon en parlant'') / Nenni, mon Philémon, jamais je ne ramperai de la sorte! / Plutôt laisser la faim me creuser une tombe. /




PHILÉMON, secouant la tête tristement.
PHILÉMON, ''secouant la tête tristement'',


Bien, bien, bien. Que de minces consolations! / Mais j'implore les dieux que jamais / D'une manière ou d'une autre, / Nous n'ayons à faire souffrir notre vieille oie grise, / Sinon je jure, plutôt mourir de faim! / Que de toucher un seul os de sa carcasse. / Comme je voudrais que les dieux nous visitent / Et comblent notre débarras de leurs largesses. /
Bien, bien, bien. Que de minces consolations! / Mais j'implore les dieux que jamais / D'une manière ou d'une autre, / Nous n'ayons à faire souffrir notre vieille oie grise, / Sinon je jure, plutôt mourir de faim! / Que de toucher un seul os de sa carcasse. / Comme je voudrais que les dieux nous visitent / Et comblent notre débarras de leurs largesses. /
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BAUCIS
BAUCIS


Je ne pleurerai pas. / Je n'ai pas de temps pour les larmes. / N'avons-nous pas vécu dans la joie depuis cinquante ans? (Place ses bras autour de Philémon et l'embrasse. On entend le bruit de cris lointains.) / Mais prête l'oreille, et dis-moi, / N'entends-tu pas une clameur monter du chemin? / Le butin de Lysias découvert / Penses-tu qu'un voleur s'y risquerait / Quand il promet, s'il l'attrape, de le battre à mort? (Comme elle parle, elle saisit le balai et commence à balayer le plancher).
Je ne pleurerai pas. / Je n'ai pas de temps pour les larmes. / N'avons-nous pas vécu dans la joie depuis cinquante ans? (''Place ses bras autour de Philémon et l'embrasse. On entend le bruit de cris lointains'') / Mais prête l'oreille, et dis-moi, / N'entends-tu pas une clameur monter du chemin? / Le butin de Lysias découvert / Penses-tu qu'un voleur s'y risquerait / Quand il promet, s'il l'attrape, de le battre à mort? (''Comme elle parle, elle saisit le balai et commence à balayer le plancher.'')




PHILÉMON, se lève
PHILÉMON, ''se lève''


Je vais balayer le pas de la porte. / Peut-être mes vieux yeux ne manqueront pas d'apprendre / Pourquoi tout ce chahut et cette clameur couvrent le village. (Il va à la porte, à d., et regarde dehors, faisant ombrage à ses yeux d'une main.) / Comment? J'aperçois seulement deux étrangers / Se tenant près de l'arbre / Devant la maison de Cléon; / Alors que l'air se remplit de cris, / Que les enfants accourent, / Et poussent le troupeau de chèvres affamées / Au devant de la foule, / Remplissent les rues de poussière. (Pendant que Philémon parle, Baucis fait une pause, reprend son travail et écoute plus attentivement.) / Les étrangers demandent l'aumône, / Mais Cléon se tient devant sa porte / Le visage dur et les mains vides. Ainsi. (Il prend la pause.) / Ils vont maintenant à la maison de Lysias, / À côté de la maison de Cléon. / Lysias ouvre grand sa porte / - et à leur face secoue son personnel - / Il croit avoir affaire à des voleurs. / Là la foule s'esclaffe. Et bat des mains. / Bocage inhospitalier! /
Je vais balayer le pas de la porte. / Peut-être mes vieux yeux ne manqueront pas d'apprendre / Pourquoi tout ce chahut et cette clameur couvrent le village. (''Il va à la porte, à d., et regarde dehors, faisant ombrage à ses yeux d'une main'') / Comment? J'aperçois deux étrangers / Se tenant près de l'arbre / Devant la maison de Cléon; / Alors que l'air se remplit de cris, / Que les enfants accourent, / Et poussent le troupeau de chèvres affamées / Au devant de la foule, / Remplissent les rues de poussière. (''Pendant que Philémon parle, Baucis fait une pause, reprend son travail et écoute plus attentivement'') / Les étrangers demandent l'aumône, / Mais Cléon se tient devant sa porte / Le visage dur et les mains vides. Ainsi. (''Il prend la pause'') / Ils vont maintenant à la maison de Lysias, / À côté de la maison de Cléon. / Lysias ouvre grand sa porte / - et à leur face secoue son personnel - / Il croit avoir affaire à des voleurs. / Là la foule s'esclaffe. Et bat des mains. / Hameau inhospitalier! /




BAUCIS,laissant tomber le balai et regardant au delà de la porte
BAUCIS,''laissant tomber le balai et regardant au delà de la porte''


Village sans cœur!
Village sans cœur!




PHILÉMON,pointant
PHILÉMON,''pointant''


Regarde, ils quêtent à nouveau à la clôture de Philo / - mais ils devront attendre le proton-minet / Tout ce qui importe, à Philo / Est de vérifier, comme l'avare, son maïs, (Baucis lève le balai et recommence à balayer.) / De compter chaque jour ses sacs, / De peur qu'un seul ne lui soit volé. /
Regarde, ils quêtent à nouveau à la clôture de Philo / - mais ils devront attendre le proton-minet / Tout ce qui importe, à Philo / Est de vérifier, comme l'avare, son maïs, (''Baucis lève le balai et recommence à balayer'') / De compter chaque jour ses sacs, / De peur qu'un seul ne lui soit volé. /




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BAUCIS, s'appuyant sur le balai
BAUCIS, ''s'appuyant sur le balai''


Oh! Honte à toi! (Approchant Philémon.) / Village dénaturé! Mon époux, / S'ils viennent à notre pauvre porte de terre, / Ne donnerions-nous pas le meilleur / de ce que nous possédons?
Oh! Honte à toi! (''Approchant Philémon'') / Village dénaturé! Mon époux, / S'ils viennent à notre pauvre porte de terre, / Ne donnerions-nous pas le meilleur / de ce que nous possédons?




PHILÉMON, tournant le dos à la porte, à d. il ramasse une jarre
PHILÉMON, ''tournant le dos à la porte, à d. il ramasse une jarre''


De fait, nos provisions sont petites mais de suite / nous pourrions leur offrir de reposer leur pieds fatigués. / Et laver et dresser devant eux / Autant de viande que nous pouvons offrir. /
De fait, nos provisions sont petites mais de suite / nous pourrions leur offrir de reposer leur pieds fatigués. / Et laver et dresser devant eux / Autant de viande que nous pouvons offrir. /




BAUCIS, appuyant le balai contre le mur
BAUCIS, ''appuyant le balai contre le mur''


Sans nul doute ils grimperont jusqu'à notre porte, / Et pour la centième fois / Demanderont nourriture et logis. / Allons donc préparer pour eux / le meilleur de ce que nous avons, / et avec eux partager jusqu'à notre dernier croûton. /
Sans nul doute ils grimperont jusqu'à notre porte, / Et pour la centième fois / Demanderont nourriture et logis. / Allons donc préparer pour eux / le meilleur de ce que nous avons, / et avec eux partager jusqu'à notre dernier croûton. /
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PHILÉMON
PHILÉMON


Chère femme, ton cœur en cette manière est le mien. / Vite dis-moi comment recevoir / sans même un quignon de pain? (Ouvre ses mains vides).
Chère femme, ton cœur en cette manière est le mien. / Vite dis-moi comment recevoir / sans même un quignon de pain? (''Ouvre ses mains vides'')




BAUCIS, faisant signe de la tête
BAUCIS, ''faisant signe de la tête''


N'aie crainte, ils ne vont pas se précipiter. / D'une manière ou d'une autre, sois certain, / je préparerai un repas / Et si pauvres soient-ils, ils devraient s'y méprendre / tant nous aurons cette cruche de vin. / Viens, amène ici et remplis! Philémon amène la cruche et la place sur la table, Baucis prend un bol de la tablette et la dépose sur la table; Philémon le remplit d'olives. Voici une jarre de nos dernières olives. (Comme elle parle, elle parcourt la pièce cueillant au passage les fruits et légumes qu'elle place ensuite sur la table.) / J'ai aussi un pot de grain de maïs, / Et un peu de fruits sucrés. / Et voici des carottes, mon époux, / À peler aussi, je te prie. / J'apporterai aussi le pain de viande d'hier. Sortie de Baucis, porte à g.
N'aie crainte, ils ne vont pas se précipiter. / D'une manière ou d'une autre, sois certain, / je préparerai un repas / Et si pauvres soient-ils, ils devraient s'y méprendre / tant nous aurons cette cruche de vin. / Viens, amène ici et remplis! Philémon amène la cruche et la place sur la table, Baucis prend un bol de la tablette et la dépose sur la table; Philémon le remplit d'olives. Voici une jarre de nos dernières olives. (''Comme elle parle, elle parcourt la pièce cueillant au passage les fruits et légumes qu'elle place ensuite sur la table'') / J'ai aussi un pot de grain de maïs, / Et un peu de fruits sucrés. / Et voici des carottes, mon époux, / À peler aussi, je te prie. / J'apporterai aussi le pain de viande d'hier. Sortie de Baucis, porte à g.




PHILÉMON, assis par terre à peler les légume, grommelle.
PHILÉMON, ''assis par terre à peler les légume, grommelle'',


Jupiter! Je te remercie pour cette soirée! / Mes problèmes ont calmé mon appétit / Je ne mangerai donc pas mon pain de viande / Ménageant ainsi la meilleure part pour mes hôtes. /
Jupiter! Je te remercie pour cette soirée! / Mes problèmes ont calmé mon appétit / Je ne mangerai donc pas mon pain de viande / Ménageant ainsi la meilleure part pour mes hôtes. /




Revient Baucis avec deux petites miches brunes, et trois œufs dans le creux de sa robe, qu'elle a transformé en tablier.
''Revient Baucis avec deux petites miches brunes, et trois œufs dans le creux de sa robe, qu'elle a transformé en tablier.''




BAUCIS
BAUCIS


N'aurions-nous pas un autre œuf? / Vois, mon mari, j'en ai trois. (Montrant les œufs, à regret) / En aurions-nous quatre, un chacun, / je pourrais à l'instant les rôtir dans les cendres. /
N'aurions-nous pas un autre œuf? / Vois, mon mari, j'en ai trois. (''Montrant les œufs, à regret'') / En aurions-nous quatre, un chacun, / je pourrais à l'instant les rôtir dans les cendres. /




PHILÉMON
PHILÉMON


Notre vielle couveuse glousse encore. (se levant) / Ma Baucis, alors pressons-nous tant que possible / pour chercher un œuf brun bien rond. / Mais d'abord, nous poserons la planche, / et la frotterons proprement avec un linge. /
Notre vielle couveuse glousse encore. (''se levant'') / Ma Baucis, alors pressons-nous tant que possible / pour chercher un œuf brun bien rond. / Mais d'abord, nous poserons la planche, / et la frotterons proprement avec un linge. /




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Elle ajoute les légumes que Philémon a pelés au chaudron sur le feu, pendant qu'il frotte la table, y pose quatre couverts, du pain, des olives et un cruchon de vin. Exit Philémon et Baucis, porte à g). Jove et Hermès approchent alors de la porte, à d., restée entrouverte. Ils cognent, déguisés en mendiants.
''Elle ajoute les légumes que Philémon a pelés au chaudron sur le feu, pendant qu'il frotte la table, y pose quatre couverts, du pain, des olives et un cruchon de vin. Exit Philémon et Baucis, porte à g). Jove et Hermès approchent alors de la porte, à d., restée entrouverte. Ils cognent, déguisés en mendiants.''




JOVE, humblement, de l'extérieur
JOVE, ''humblement, de l'extérieur''


Ouvrez la porte, bonnes gens, / Remerciez le ciel pour l'abondance, / Et n'oubliez pas les nécessiteux. (Ils attendent à l'extérieur). / Quoi! Encore aucune réponse? / Cognons encore! /
Ouvrez la porte, bonnes gens, / Remerciez le ciel pour l'abondance, / Et n'oubliez pas les nécessiteux. (Ils attendent à l'extérieur). / Quoi! Encore aucune réponse? / Cognons encore! /




Cognant encore, poussant la porte et se tenant sur le seuil.
''Cognant encore, poussant la porte et se tenant sur le seuil.''




HERMÈS, avec indignation
HERMÈS, ''avec indignation''


Sont-ce tous des cœurs plus durs que le roc / En ces contrées sans merci? / Je pensais avoir aperçu un homme et une femme en approchant. /
Sont-ce tous des cœurs plus durs que le roc / En ces contrées sans merci? / Je pensais avoir aperçu un homme et une femme en approchant. /




Ils entrent dans la pièce et regardent autour.
''Ils entrent dans la pièce et regardent auto''ur.




JOVE, avec amertume
JOVE, ''avec amertume''


Ils sont partis d'ici / Comme nous approchions, / Sans doute pour prétendre que personne n'y était, / Et éviter d'avoir à partager les miettes, / ou la moindre grappe pour notre indigence. / Ils apprendront bientôt que nous sommes des dieux déguisés, / Et que nous allons, par nos soins, vagabonds / Pour apprendre les pensées des hommes, / Et éprouver leurs cœurs. / Venez, laissons cette terre inhospitalière. (Prêt à quitter la pièce.)
Ils sont partis d'ici / Comme nous approchions, / Sans doute pour prétendre que personne n'y était, / Et éviter d'avoir à partager les miettes, / ou la moindre grappe pour notre indigence. / Ils apprendront bientôt que nous sommes des dieux déguisés, / Et que nous allons, par nos soins, vagabonds / Pour apprendre les pensées des hommes, / Et éprouver leurs cœurs. / Venez, laissons cette terre inhospitalière. ''(Prêt à quitter la pièce'')




HERMÈS, retenant Jove par la mante
HERMÈS, ''retenant Jove par la mante''


Reste, grand Jove. Peut-être ton courroux / Trop vite se déchaîne. / Vois! (pointant) Cette table est mise. / Pour quatre, et voici des olives, du vin et du pain. / Peut-être est-ce un vieux couple / qui ont fait de leur mieux pour nous accueillir. / Attendons encore ici un peu.
Reste, grand Jove. Peut-être ton courroux / Trop vite se déchaîne. / Vois! (''pointant'') Cette table est mise. / Pour quatre, et voici des olives, du vin et du pain. / Peut-être est-ce un vieux couple / qui ont fait de leur mieux pour nous accueillir. / Attendons encore ici un peu.




JOVE, se ravisant
JOVE, ''se ravisant''


S'il en est ainsi / Je récompenserai généreusement. / Mais aucune pitié ne sera faite à ce village cruel. (pointant la porte.) / Où ils nous ont refusé jusqu'aux miettes, / et interdit leurs portes. / Pour ne pas effrayer ces braves gens, / À leur retour, quand ils nous verront debout ici, / comme des voleurs, allons attendre près des buissons / là-bas qu'ils reviennent. / Alors nous cognerons encore à la barrière, / Et quémanderont l'aumône; / Ainsi, nous pourrons mieux juger de leur bon cœur.
S'il en est ainsi / Je récompenserai généreusement. / Mais aucune pitié ne sera faite à ce village cruel. (pointant la porte.) / Où ils nous ont refusé jusqu'aux miettes, / et interdit leurs portes. / Pour ne pas effrayer ces braves gens, / À leur retour, quand ils nous verront debout ici, / comme des voleurs, allons attendre près des buissons / là-bas qu'ils reviennent. / Alors nous cognerons encore à la barrière, / Et quémanderont l'aumône; / Ainsi, nous pourrons mieux juger de leur bon cœur.